Fête de la musique un concept français
En juin 1982 sous l’impulsion de Jack Lang alors ministre de la culture de François Mitterrand, la première fête de la musique en France a eu lieu. La date choisie le 21 juin, symboliquement la journée la plus longue de l’année. La Fête sera gratuite, ouverte à toutes les musiques « sans hiérarchie de genres et de pratiques » et à tous les français.
Bien que préparée dans l’urgence, cette première manifestation remporte un succès tout à fait inattendu. Des milliers d’initiatives populaires mélangeant musiciens professionnels et musiciens amateurs vont occuper, places, squares et jardins dans toutes les villes et villages.
La fête de la musique est un événement spontané, populaire, chaque année partagée par de plus en plus de public. Dès 1985 elle s’exporte dans plusieurs pays d’Europe, pour atteindre 120 pays participants en 2017.
La vocation première était de démocratiser la musique, de la faire sortir des salles de répétion et de concert. Elle doit permettre aux musiciens amateurs de jouer devant un public même restreint. Pour les professionnels c’est partager leurs créations, avec des publics qui ne viendraient pas forcément à leur concert, soit par manque de moyen, soit par méconnaissance. Faire descendre dans la rue le Jazz, le Classique, ou les Musiques du monde, c’est gagner le cœur d’un public souvent jeune, qui peut être tenté de rester sur des styles musicaux plus « tendances ».
Musique dans la rue
Tous les styles musicaux s’emparent de cet événement festif et gratuit. Musicien seul avec sa guitare, duos acoustiques, chorales, musique médiévale, musique classique, jazz, rock…
Au fil des années l’esprit de bénévolat du départ c’est un peu perdu sur certaines scènes. Bonne ou mauvaise chose, la fête de la musique est devenue une date importante pour certaines formations musicales. Elles négocient leur prestation auprès des associations ou communes organisatrices afin de pouvoir compléter leur intermittence.
Depuis 1993 même la télévision française réalise une émission autour de cette grande fête. Pendant six mois, 600 personnes participent à la préparation du projet pour un concert d’une soirée où les têtes d’affiche réunissent en moyenne 20 000 spectateurs sur site et 2 500 000 devant leur poste de télévision.
Officiellement on dénombre plus de 5000 concerts sur le territoire le 21 juin. Théoriquement tous doivent être gratuits pour être affiliés à la fête de la musique. La SACEM d’ailleurs ne perçoit aucun droit sur les concerts gratuits ce jour-là.
En fait il y a beaucoup plus d’événements (environ 17000), car beaucoup ce ne sont pas répertoriés. Pour avoir participé aux trois premières années, je regrette un peu que l’esprit initial se soit perdu en passant de – «on descend tous dans la rue partager notre musique », à « on descend tous dans la rue écouter des concerts organisés ». Mais ne boudons pas notre plaisir, une soirée entière consacrée à la musique où l’on peut gratuitement dans la même soirée écouter quatre ou cinq petits concerts, comme on grappille des raisins mûrs, est une chance qu’il faut savoir apprécier ; surtout la nuit la plus courte de l’année.